Angine

Qu’est ce qu’une angine.

Une angine est infection bactérienne ou virale d’une amygdale. L’infection touche généralement les deux amygdales, mais ce n’est pas une règle absolue. On utilise parfois le terme d’amygdalite, ce terme définit une inflammation de l’amygdale, cette inflammation n’est pas obligatoirement synonyme d’infection.


Angine bactérienne, angine virale, pourquoi les différencier, quels enjeux.

Les bactéries sont des micro-organismes sensibles aux antibiotiques sous réserve d’utiliser l’antibiotique adapté à la dose adaptée. Dans le cas contraire, la bactérie développe des résistances à l’antibiotique inadapté. Certaines bactéries deviennent multirésistantes. Cela se rencontre dans les milieux hospitaliers qui drainent des personnes à haut risque, on parle d’infections nosocomiales, mais cela se rencontre aussi de plus en plus en ville.
La mise sous antibiothérapie adaptée raccourcit la durée des affections bactériennes qui pour la plupart guérissent spontanément, c’est à dire même sans antibiotique. Toutefois certaines bactéries peuvent générer des complications graves, il s’agit particulièrement des angines à streptocoques du groupe A , les angines fuso-spirillaires dites « de Vincent » et la diphtérie. L’antibiothérapie et une prise en charge spécifique deviennent alors obligatoires.
Certaines personnes fragilisées doivent être mise sous antibiothérapie car les infections bactériennes peuvent leur faire encourir un risque vital (diabétiques, personnes âgées, personnes atteintes de maladies graves).

Les virus sont des micro-organismes insensibles aux antibiotiques. Ils peuvent donner toutes sortes d’affections et entre autre des angines. Certaines sont repérables comme la mononucléose infectieuse (virus d’Ebstein Barr) ou les angines à coxsackie A ou herpangine, mais la grande majorité des angines virales n’ont pas de spécificité.
Elles guérissent spontanément et ne justifient que de la prise de médicaments pour la fièvre ou la douleur. Les antibiotiques ne doivent donc pas y être prescrits.

Les enjeux sont donc, outre un coût de santé publique, la réduction des phénomènes de résistance bactérienne aux antibiotiques, phénomènes à l’origine des affections nosocomiales qui font tous les ans de nombreux morts.


Quelques éléments de différenciation des angines bactériennes et des angines virales.

Le moyen le plus précis pour faire la différence est le prélèvement de gorge avec la mise en culture à la recherche de bactéries et de virus. Il n’est pas applicable en pratique car trop long, trop lourd en moyens humains, trop coûteux. Une démarche initialement empirique s’avère beaucoup plus performante en terme de résultats, même si l’on ne pourra que très occasionnellement mettre un nom sur le micro-organisme responsable.

En pratique, on va évoquer une angine bactérienne devant les éléments cliniques suivants :


- une fièvre modérée, 38°, 38°5,
- un ganglion satellite inflammatoire, cervical ou sous maxillaire,
- une atteinte inhomogène et asymétrique des deux amygdales,
- la présence d’un abcès amygdalien.

On se méfiera particulièrement en cas de mauvaise hygiène bucco-dentaire (angine « de Vincent »), d’altération de l’état général (leucémie), ou de retour de voyage dans les pays de l’est de l’Europe (diphtérie). La notion d’épidémie à streptocoque du groupe A orientera également la décision.

Aucun de ces éléments n’est déterminant ou spécifique d’une angine bactérienne, et c’est plus une impression générale de clinicien qui définira l’attitude à adopter.
A noter toutefois que l’usage de tests diagnostiques rapides permet de mettre en évidence les angines à streptocoques du groupe A. Ils sont alors déterminants dans la prescription d’antibiotiques spécifiques.
Ces tests sont de plus en plus présents dans les cabinets médicaux.

On évoquera une angine virale sur les éléments suivants :

- une fièvre élevée 39°, 40°,
- la présence de vésicules ou d’aphtes,
- un contexte épidémique,
- des signes d’atteintes multifocales (plusieurs organes simultanément), une rhinite associée (rhume), une toux, des ganglions diffus, une grosse rate (MNI), une gastroentérite etc..

Là encore, aucun élément n’est spécifique ou déterminant et l’impression du clinicien est déterminante dans les suites à donner, ainsi une mononucléose infectieuse va plutôt donner des amygdales impressionnantes couvertes de pseudo-membranes, la personne restera fatiguée plusieurs mois. Mais la très grande majorité des angines virales guérissent en 2 à 3 jours. Toutes ces angines se traitent par anti-douleurs et/ou antipyrétiques (fièvre).

Qu’il s’agisse d’angines virales ou d’angines bactériennes, en dehors de phlegmons patents qui constituent des urgences avec hospitalisation immédiate, il est toujours possible et sans conséquence de temporiser la mise sous antibiotiques de 2 ou 3 jours, le risque sera essentiellement douloureux.